François BLEIN (1767-1845)
Fils aîné d’un ancien officier du régiment d’Isle de France qui fut chirurgien-major, François Blein voit le jour à Bourg-lès-Valence le 26 novembre 1767. Baptisé deux jours plus tard par le controversé François Marbos qui deviendra évêque constitutionnel de la Drôme et député à la convention, il poursuit de solides études à Valence et Grenoble, avant d’intégrer l’Ecole des Ponts et Chaussées le 1er janvier 1785. Dans un testament du 2 septembre 1785 son père le désigne comme contrôleur des péages du seigneur prince de Monaco à Valence.
Devenu ingénieur en janvier 1789, il est immédiatement recruté pour participer aux travaux d’aménagement du Tréport puis de Cherbourg. En 1791, il entame une longue carrière militaire qui sera tout entière consacrée à la défense ou à la prise des principales places fortes jalonnant l’Europe. Le 8 novembre, Blein, alors lieutenant du génie, épouse Marie-Madeleine Dagneau de Richecourt, jeune noble de 19 ans qui décédera peu après.
Ayant rejoint le génie de l’armée du var, il entreprend, avec succès, la construction du pont du Var et des retranchements du Mont-Gros, ce qui lui vaut le grade de capitaine du génie dès le 21 juin 1794. Passé à l’armée de Sambre et Meuse, il sert au siège de Valenciennes en août puis à celui de la citadelle de Maëstricht prise par Kléber le 4 novembre. Le 8 avril 1795, Blein épouse en secondes noces Jeanne Reed, fille d’un officier du service de santé dont il aura trois enfants. Un temps employé à Landrecies il rejoint, en août 1795 et pour trois ans, le chantier civil du canal reliant la Sambre à l’Oise, avant d’être muté à l’armée de Mayence en juin 1798 sous les ordres de Joubert.
Passé aux armées du Danube et d’Helvétie dirigées par Jourdan puis Masséna en 1799, Blein participe courageusement au siège de Philipbourg puis organise la défense de Mannheim et de Kassel. Nommé chef de bataillon le 4 août, il passe à l’armée du Rhin de Moreau et sert aux cotés de Lecourbe à Nordlingen le 24 juin 1800. Présent au blocus d’Ulm et à la bataille d’Hohenlinden le 3 décembre, il facilite à nouveau le passage des troupes françaises à la Salza dix jours plus tard. Devenu sous-directeur des fortifications à Saint-Quentin en 1801, il est appelé auprès de l’état-major de l’armée des Côtes de l’Océan de 1803 à 1805.
De 1805 à 1807, Blein est attaché au quartier-général de la Grande Armée et dirige plusieurs sièges. De Wertingen à Austerlitz, il assiste à toute la campagne d’Autriche de 1805 et se retrouve promu colonel du génie le 26 décembre. Passé à l’état-major de la Grande Armée en septembre 1806, il figure à Iéna le 14 octobre puis prend la direction de tout le génie du 9eme corps le 3 décembre. A la fin de l’année il dirige, pour le compte de Jérôme et Vandamme, le siège victorieux de Breslau qui tombe le 8 janvier 1807, puis ceux de Schweidnitz qui capitule le 15 février et de Glatz qui se rend le 24 juste avant que la Grande Armée ne prenne ses quartiers d’hiver sur la rivière Passarge. Grâce à ses brillants faits d’armes, Blein obtient, le 17 mars 1808, une dotation annuelle de 4 000 francs de rente sur les biens réservés en Westphalie et se voit élevé à la dignité de Baron de l’Empire le 2 août
A la fin du mois d’octobre, le Drômois accompagne Napoléon parti remettre de l’ordre en Espagne. Commandant le génie du quartier-général, il participe, le 30 novembre, à la bataille du col de Somosierra puis à la prise de Madrid le 4 décembre. Envoyé en mission en Galice, il épaule le maréchal Soult lors de la prise du Ferrol en janvier 1809. Le 21 mars, Blein est rappelé à l’armée d’Allemagne comme chef d’état-major du génie de toute la Grande Armée. Blessé à Landshut le 21 avril et à Ratisbonne deux jours plus tard, il apporte néanmoins sa précieuse expérience tout au long de la nouvelle campagne d’Autriche. Le 13 mai, il se signale lors de la conquête de Vienne, puis brille encore à Essling le 22 mai, à Wagram le 6 juillet puis à Znaïm lors de l’ultime bataille du 11 juillet qui conduira à la signature de l’armistice franco-autrichien. Le 15 août 1809, une nouvelle rente annuelle de 2 000 francs sur les domaines d’Erfurt vient clore une série de nominations impériales.
Au cours des années 1810 et 1811, Blein retrouve, à la demande de Napoléon, la ville de Cherbourg dont il modernise les fortifications. Le 27 janvier 1812 il prend la direction du génie du 2ème corps de la Grande Armée sous Oudinot et entre en Russie en Juin. Présent à Jaboukowo le 29 juillet et à Polotsk, où Oudinot est blessé le 18 août, il assume divers commandements pendant la terrible retraite.
Au cours de la campagne de Saxe en 1813, il sert à Lützen, Bautzen et Liegnitz. Promu général de brigade le 22 juillet 1813, il prend part à la campagne d’Allemagne d’octobre. En février 1814, il sert en Champagne et devient commandant de la légion d’honneur le 3 avril.
Après l’abdication de l’Empereur Blein est nommé inspecteur général des fortifications par Louis XVIII en mai puis est fait chevalier de l’Ordre de Saint-Louis le 8 juillet. Admis à la retraite le 1er août 1815 pour s’être félicité du retour de Napoléon, il est rappelé en activité par Louis-Philippe le 22 mars 1831 comme maréchal de camp et remis en jouissance de sa pension de retraite le 30 avril 1832.
Grièvement blessé par l’explosion de la machine infernale de Fieshi lors d’une revue de Louis-Philippe le 28 juillet 1835, il obtient pour ce fait un supplément de pension de 7 000 francs à titre de récompense nationale. Général érudit, ami des arts devenu grand officier de la légion d’honneur le 29 avril 1837, François Blein décède à Paris le 2 juillet 1845.
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