FUGIERE Jean

Fugière dit Le Manchot d’ Aboukir

Jean Urbain Fugière, naît à Valence le 8 février 1752. Après avoir servi la royauté pendant quinze ans, il devient, en octobre 1791, capitaine du 3 bataillon des volontaires de la Drôme. Successivement muté à l’armée des Alpes puis sur les Pyrénées, en Italie et en Suisse, il est de toutes les batailles et se voit nommé général de brigade le 23 mars 1798 par Brune qui commande l’armée d’Helvétie.

Lorsque Bonaparte appareille pour l’Égypte en mai 1798 Fugière fait partie de l’expédition et quand le futur empereur enlève l’île de Malte le Drômois s’empare de l’île voisine de Gozo le 10 juin. Le 18 la flotte quitte Malte et l’armée française débarque à Alexandrie le 1 juillet sous un soleil accablant. Trois semaines plus tard Fugière participe énergiquement à la célèbre bataille des Pyramides avant de rejoindre la division du Romanais Louis-André Bon, alors que Nelson détruit la flotte française devant Aboukir.

Au début de 1799 les troupes turques, désormais en guerre avec la France, se dirigent vers l’Égypte. Bonaparte, parti à leur rencontre, enlève Gaza en février puis Jaffa, où ses troupes contractent la peste, en mars. Contraint de lever le siège de Saint-Jean d’Acre après quatre tentatives infructueuses, il rentre au Caire en juin. Dans l’intervalle Fugière, qui s’était vu confier le commandement des provinces de Garbié et de Mansourah, y a assuré l’ordre avec sa détermination habituelle.

Le 15 juillet, une flotte anglo-turque débarque quinze mille hommes à Aboukir pour encercler les troupes françaises. Bonaparte prend alors la tête d’une armée de dix mille fantassins et mille cavaliers. C’est la bataille d’Aboukir, l’une des plus glorieuses de l’expédition d’Égypte. Le général Fugière reçoit l’ordre de conduire la 18ème demi-brigade le long de la mer pour enlever la droite des Turcs au pas de charge. Il arrive jusqu’aux retranchements de l’adversaire, mais le feu de la redoute qui surplombe sa colonne stoppe l’assaut. Fugière est blessé une première fois à la tête. Surmontant sadouleur, il relance ses troupes, mais un boulet lui déchiquette bientôt le bras gauche.

Forcé de se replier avec sa demi-brigade, il reçoit la visite de Bonaparte qui, le croyant blessé mortellement, vient lui exprimer ses regrets et lui faire ses adieux.«Consolez-vous général, vous êtes le principal vainqueur de cette bataille et votre nom sera gravé au temps de ma mémoire». Fugière répond par une phrase prémonitoire restée célèbre. «perdez un de vos soldats les plus dévoués, un jour vous regretterez de ne pas mourir comme moi au champ d’honneur». Troublé, Bonaparte donne l’ordre à son célèbre chirurgien Larrey de tout tenter pour le sauver. Malgré l’état de faiblesse de Fugière, Larrey réussit l’amputation totale de son bras gauche, le sauvant ainsi d’une mort certaine.

En quatre jours, l’armée turque est entièrement anéantie par les Français. Bonaparte, vainqueur désenchanté, quitte Alexandrie le 22 août 1799 à bord de la frégate Muiron accompagné de ses principaux généraux et des savants qui l’avaient suivi. Fugière bien incapable d’entreprendre la traversée reste en Égypte avec Kléber et Menou. Après quelques mois de convalescence, Kléber l’envoie à Rosette apaiser une insurrection. Pour le récompenser, il lui donne son propre sabre, sur lequel il fait graver «des Pyramides, bataille d’Aboukir, le général en chef Kléber au général Fugière, au nom du Directoire exécutif». Fugière prend encore part à la capitulation d’Alexandrie avant de regagner la France en 1801.

Dès son retour en France Bonaparte, reconnaissant, avait fait nommer le Manchot d’Aboukir, comme il se surnomme lui-même, commandant de la succursale d’invalides d’Avignon et du département du Vaucluse. Malgré les souffrances qu’il endure constamment, Fugière prend possession de son poste en mars 1802 et continuera son service jusqu’à sa mort survenue à Avignon le 17 décembre 1813. Le préfet du Vaucluse écrit alors«’Empereur perd en lui un fidèle serviteur qui a eu l’honneur de combattre sous les yeux de sa Majesté en Italie et en Egypte». Sa veuve ne sera pas oubliée par Napoléon qui lui accordera une pension de 1200 francs le 30 décembre 1813.

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