QUIOT du PASSAGE

Quiot du Passage

Joachim et Casimir QUIOT
Enfants d’Alixan


La famille Quiot établie dans le bourg d’Alixan, entre Bourg de Péage et Valence dès 1550, avait acquis au cours des siècles plusieurs grandes et belles propriétés foncières. Jérôme-François Quiot, le père du futur général, est donc un bourgeois fort respecté dans la petite cité. Favorable aux idées nouvelles, il est nommé commandant en second de la Compagnie bourgeoise d’Alixan en 1789, puis élu, le 11 septembre 1792, député suppléant à la Convention. Membre de l’administration du district de Valence, il aura deux fils qui s’engageront naturellement dans les armées révolutionnaires.

Le Général Joachim Jérôme QUIOT du PASSAGE

L’acte de naissance de l’aîné est ainsi rédigé : ” L’an 1775 et le 9 février a été baptisé Jérôme-Joachim Quiot né ce jour d’huy, fils légitime de sieur Jérôme-François Quiot Bourgeois dudit Alixan et de Demoiselle Elisabeth Rollet, mariés. Le parrain a été Maître Guilhaume-Joachim Charbonnel, notaire Royal (mot rayé), et la marraine demoiselle Marie-Grégoire son épouse dudit lieu, qui ont signé avec nous, Chaulet vicaire. “

Signe de la notoriété familiale, Joachim obtient une bourse qui lui permet de rentrer au prestigieux collège des Oratoriens de Tournon, un des douze du royaume. Esprit rebelle, le jeune homme à peine âgé de seize ans abandonne son pupitre et s’engage en octobre 1791 dans le 3ème bataillon des volontaires de la Drôme où il côtoie le futur maréchal Victor. Passé à l’armée des Alpes il devient caporal en août 1792, sergent-major le 1er septembre, et capitaine en janvier 1793. Il sert à l’armée des Pyrénées-Orientales jusqu’en 1795 avant de rejoindre l’armée d’Italie.

Le 23 mai 1796, il est nommé aide de camp du général Victor que l’Empereur surnommera ” L’épicier de Valence “. Blessé au combat de Rivoli le 29 juillet 1796, il est provisoirement muté à l’armée d’Angleterre puis retrouve la péninsule. Quiot se signale au combat de Pastrengo en mars 1799. Nommé chef de bataillon le 23 avril, puis chef d’escadron par Victor, il sert à la difficile bataille de Marengo sous Bonaparte le 14 juin 1800, où il perd tous ses équipages.

Désigné pour accompagner Victor en Louisiane en 1802, Quiot reste à ses côtés en Hollande en 1803 et 1804 lorsque l’expédition est annulée par Bonaparte qui a vendu le territoire aux Etats-Unis. Nommé aide de camp du Maréchal Lannes le 5 août 1805, il devient colonel du 100ème de ligne de la Grande Armée en décembre 1805. Blessé d’un coup de feu au bras droit à Iéna le 14 octobre 1806, il passe à l’armée d’Espagne en septembre 1808.

Nommé baron de l’Empire le 21 décembre 1808, Quiot participe à la pacification ratée de l’Espagne. A nouveau blessé d’un coup de biscayen à la tête au siège de Badajoz le 7 février 1811, il sert néanmoins à la Gebora en février, puis au combat de Campo-Mayor en mars. Blessé d’un coup de baïonnette à la cuisse gauche à la bataille d’Albufera le 16 mai 1811, il est nommé général de brigade trois jours plus tard. Vainqueur du général espagnol Ballesteros près de Niebla en août 1811, Jérôme-Joachim Quiot termine sa campagne espagnole sur ce coup d’éclat.

En avril 1813, Quiot revient dans la Drôme pour épouser Marie-Anne-Rose Rostaing âgée de vingt ans, fille d’une riche famille de commerçant de Saint Vallier qui lui donnera deux filles. Le 28 avril 1813, ses devoirs conjugaux accomplis, il part pour le camp d’Utrecht. Le 29 juillet 1813, il est muté au corps d’observation de Bavière. Passé au prestigieux 1er corps de la Grande Armée, il commande la seconde brigade de la 23ème division. Grièvement blessé d’un coup de feu qui lui traverse l’omoplate de l’épaule droite, il est fait prisonnier à Kulm le 30 août 1813. Rentré en France en mai 1814, il est nommé au commandement du département de la Drôme en juin par le comte Dupont, l’ex vaincu de Baylen, et devient le même jour Chevalier de l’Ordre de Saint-Louis.

Lors des Cent-Jours en mars 1815, Quiot s’exprime en termes virulents sur le retour de l’Empereur qu’il traite d’usurpateur ” Bonaparte ose souiller de sa présence une terre à laquelle il a renoncé et qui l’a proscrit … ” Puis, présageant un éventuel succès qui assurerait définitivement sa gloire, il s’empresse de rejoindre Napoléon. En avril, il est finalement employé au 1er corps d’observation de Drouet d’Erlon qui va devenir l’armée du Nord et participe à la désastreuse bataille de Waterloo le 18 juin.

Conscient d’avoir effectué un mauvais choix, Quiot se répand alors dans des lettres affligeantes où il démontre la bassesse de ses convictions entièrement tournées vers ses propres intérêts. Sa conduite est sévèrement jugée par le roi qui le maintient pourtant en activité malgré plusieurs rapports très défavorables sur son comportement passé. Le 1er septembre 1815, il commande à nouveau le département de la Drôme, puis celui de la Haute-Vienne le 28 novembre avant de retrouver sur sa demande son département d’origine en octobre 1817. Nommé à la 7ème division militaire en mars 1818 par le maréchal Gouvion Saint-Cyr, ministre de la Guerre, il est grand officier de la Légion d’honneur en août 1822 et mis en disponibilité en juillet 1823.

En août 1825, son ancien compatriote Victor, devenu duc de Bellune et ministre de la Guerre à son tour, le fait généreusement nommer lieutenant-général. Officiellement admis à la retraite le 19 mars 1831 avec le grade de général de division, Quiot obtient une pension annuelle de 6 000 francs par ordonnance royale du 10 juillet 1831.

Conseiller général de l’Isère pour le canton de Virieu, Jérôme-Joachim Quiot, devenu du Passage, met sa passion communicative au service de ses compatriotes. Pendant plusieurs années il défend avec enthousiasme et générosité ses concitoyens et tout ce qui touche à l’agriculture de son canton. Retiré dans sa propriété des Balmes de Fontaine près de la commune du Passage en Isère, dont il est maire depuis plusieurs années, il meurt le 12 janvier 1849. Son nom est inscrit au côté sud de l’Arc de triomphe de l’Etoile.


Le Lieutenant de vaisseau Casimir QUIOT

Frère cadet du général, Casimir-Maximilien, né également à Alixan dans la Drôme le 4 février 1781, s’engage dans la marine en 1798. Il est présent à la funeste bataille d’Aboukir le 1er août 1798, où il est fait enseigne de vaisseau. Le 21 octobre 1805, il se conduit héroïquement à la bataille de Trafalgar, nouvelle défaite française, où il est capturé par les Anglais après l’explosion de son bâtiment. Nommé lieutenant de vaisseau après une longue captivité, il sert encore aux Antilles, puis à l’Ile Bourbon. Il meurt de la fièvre jaune le 9 août 1817 à bord de La Néréïde.

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